Armand Raynal de Maupertuis
Le français Armand de Maupertuis est un gentilhomme à l'esprit cartésien.
Renard de lettres, il n'hésite pas au beau milieu d'un combat singulier à déclamer quelques vers, incisifs envers son adversaire, ou tendres pour sa bien-aimée...
C'est un personnage raisonnable et sensé, il sait analyser la situation et dénouer les fils enchevêtrés d'un scénario fort complexe.
Il s'efforce toujours de trouver une explication logique et rationnelle aux phénomènes qu'il rencontre, même si certains d'entre eux rappellent à lui les sentiments primitifs de crainte et d'appréhension très vite surmontés (cependant, lorsqu'il aperçoit une poule, alors perd-il toute contenance !).
N'est-ce pas lui qui combat Mendoza, qui décide de fuir Malte grâce au navire des pirates, ou qui se résoud à embarquer sur le Hollandais Volant (dont il trouve les raisons de la légende) ?
C'est véritablement le cerveau de l'histoire !
Toujours il fait preuve de bon sens et de raison, mais aussi d'humour, de sympathie envers ses compagnons, d'honneur et même de tendresse.
Armand a quelques points communs avec le héros du Roman de Renart :
Outre qu'il est, comme lui, un « goupil » noble, malin et rusé, il porte le nom de la retraite fortifiée de Renart, Maupertuis.
Mais Armand n'est pourtant ni cruel ni méprisant comme l'était son illustre ancêtre.
Armand Raynal de Maupertuis peut glapir la devise de ses ancêtres mais il n'est en rien redevable de leurs actes, bons ou mauvais.
Honnête-renard, humaniste, peut-être matérialiste, apparemment athée, mais sûrement rationaliste il est très proche de la philosophie des Lumières.
Notons que sa foi en l'homme ne va pas jusqu'à une confiance aveugle dans les hommes de science si l'on en juge de ses rapports distants avec l'ambigü Bombastus.
C'est donc là que le patronyme Renal de Maupertuis révèle son double sens.
Prenons le à l'envers: Maupertuis, puis Raynal.
Maupertuis, c'est également le nom d'un savant et mathématicien Français du XVIIème siècle.
Ce précurseur de la Physique moderne et de la théorie de l'évolution en Biologie fut un défenseur du rationalisme, en particulier du "principe de parcimonie" selon lequel entre deux hypothèses on doit toujours choisir la plus simple.
C'est au nom de ce principe que furent enterrées au XIXème et XXème siècles la plupart des superstitions de nos ancêtres.
Le discours d'Armand y fait clairement référence à plusieurs reprises,par exemple Acte II, planche 44, case 4: "Que vous disais-je ? Il n'y a rien de surnaturel en tout ceci !", ou encore Acte IV, planche 25, cases 8 et 9: "Vous n'allez tout de même pas souscrire à ces fariboles !", "Il n'y a nul démon en ces lieux !"
Et Raynal ? L'abbé Aveyronnais Guillaume-Thomas Raynal est l'un des grands Philosophes du siècle des Lumières.
Il est l'auteur du livre le plus vendu sous la Révolution: "Histoire philosophique et politique des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes ".
Cet ouvrage passe pour le premier discours critique du colonialisme et de l'esclavage, ce qui vaudra à Guillaume-Thomas Raynal de recevoir l'hommage officiel de Toussaint-Louverture.
Armand professe l'égalité des conditions humaines.
Tout d'abord à Bombastus qu'il replace sur un pied d'égalité avec le "Robinson" de l'île Majeure dans l'Acte III.
Puis, il y a le long échange de l'Acte IV dans lequel Sabado Sanplus narre la tragédie de son existence...
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hsdcdb
J'ai un faible pour Armand.
Cet esprit si français, qui se bat, mais en vers.
Qui même au plus fort du combat trouve le moyen de faire un bon mot :
"Oui, la pointe, le mot !
Et je voudrais mourir un soir sous un ciel rose
En faisant un bon mot pour une belle cause !"
Qui pourtant escrimeur précis tombe plus d'une fois contre plus adroit que lui : Mendoza le très méchant (dixit Eusèbe), Cyrano le Maître d'Armes, et même, je crois savoir, contre l'Espagnol au sang chaud qu'est le Don Lope.
Puis aussi contre le Captain Boone (même si c'est par derrière, par un coup de foc) sur la tête lâché par la Cigogne au long bec emmanché d'un long cou.
tibert
Armand, mon préféré.
Esprit vif et rapide, panache roux scintillant, poète efflorescent, escrimeur foudroyant, gastronome raffiné, encyclopédiste avant l'heure, amant rêveur et passionné, il devrait être le pire gandin qui soit.