Si près textuellement d'un admirable ouvrage,Le goéland est blanc ; quel trompeur attribut !
Il criaille, indispose, il domine et moleste.
Il est des grands planeurs le souverain rebut,
Aime à souiller sa grâce et n'a rien de céleste.
À peine s'il s'amende en se parant d'argent.
Et s'il est élevé, il ne l'est qu'au sens propre :
Sale, mesquin et vil, il est de male gent,
Il agresse son monde, indigent et malpropre.
Mais parfois il en vient à révéler son deuil,
Sa poésie enfuie, innocence gracieuse,
Quand de l'âme du monde il a passé le seuil,
Et sur son bec méchant point une moue rieuse.
Or, c'est sur ce contraste, où macule se joint
À l'immaculation, que s'achève ce texte.
Vous l'aurez tous compris, je ne conclurai point.
Du début à la fin, tout n'est qu'ici prétexte.
Plein de verve et d'envol, bien monté et subtil,
Ton envoi n'est en fait qu'un affreux abordage
Vide d'air et sans âme, un malveillant babil.
Donc si la forme est bonne, si l'idée racolle,
Le fond manque de corps : il n'a pas de motif !
Alors qui est méchant, qui a le mauvais rôle ?
Celui qui n'a dit mot, ou le guerrier hâtif ?
Tu cherches la baston, je le sens depuis peu :
Le parapente était un essai maladroit
Qui ne t'a pas suffit : ton faible esprit râpeux
S'acharne obstinément à contester mes droits.
Je suis un goéland, que ça te plaise ou non !
Si tu es l'albatros, ce prince des nuées,
Modère ta fureur, oublie tes jurons :
Je me fous de ton trône tissé de buée,
Car mes ailes me portent par-delà l'éther
Jusqu'aux cimes perdues de ma Lune chérie.
Qu'ai-je à faire en ce cas de la lointaine Terre,
Dont tes cieux sont plus proches que mes oniries ?
Quant à être méchant, j'en assume le fait.
Je moque les plus grands, je me cogne des nuls,
J'aime mieux le néant qu'un médiocre imparfait.
Je regarde pourtant le meilleur de nos bulles.
Alors, piètre agresseur, alors, digne adversaire,
Je gobe ton affront comme j'avale un oeuf :
En deux bouchées claquantes sur son goût amer.
Autant s'en contenter en attendant du neuf.